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LES DERNIERS RAYONS DU SOLEIL

  • Photo du rédacteur: Sylvain Ubersfeld
    Sylvain Ubersfeld
  • 19 oct.
  • 13 min de lecture

 


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Dès la mi-août, il y avait quelque chose dans l’air qui annonçait la fin, mais bien sûr, personne n’en parlait.


C’était une sorte de tristesse rentrée, qui ne faisait pas mal comme un vrai chagrin, mais qui te bouffait quand même un peu de tes matins, et pas mal de tes soirs, même si tu essayais de ne pas y penser. 


C’était le soleil qui avait changé de position, en cachette, sans que tu le remarques à priori, mais force était de constater que les ombres n’étaient pas là où elles auraient du être, là où elles étaient hier, ou avant-hier. Bien sûr , je ne mesurais pas à la règle le déplacements, sur le sol de la cour, des projections lumineuses, mais quelque chose en moi, sentait bien que tout se chamboulait. Le 15 aout avait secoué mon socle, tordu mes certitudes pour les transformer ensuite en questionnements. Les pieds, sans chaussettes, dans de méchantes sandales, ou des chaussures de tennis qui avaient échappé à une année scolaire, avaient froid plus tôt l’après-midi, le bois de Monsieur Germain, qui jouxtait la maison, devenait moins lumineux, chaque jour un peu plus tôt. Oui, au fond de moi, je le savais : les adultes m’avaient prévenu. « Il faudra faire les courses de rentrée »….c’était en fait un avertissement déguisé, pour ne pas me prendre de front, et briser mes rêves imbéciles de vacances d’été éternelles.


La tempête  des moissons était passée. Plus de tracteurs fumants tirant derrière eux des plateaux de bois épais, destinés à recevoir les balles de foins, que crachait une moissonneuse-batteuse « Massey-Ferguson », d’un autre âge. La terre faisait la sieste, une période de calme transition avant décembre. Des restes de blé, des maïs oubliés, jonchaient le sol, donnant aux corbeaux, aux étourneaux, et même aux pigeons des bois, une occasion de venir se restaurer, à leur bon vouloir. 

Au bout d’années d’ignorance, nous avions décidé de rendre la cheminée fonctionnelle. Une dizaine de minutes seulement avaient été nécessaires pour réaliser la libération du tuyau d’évacuation de la fumée. Du bois avait été livré à la maison, mais la mise en feu, et la découverte du chaud bonheur d’une soirée devant l’âtre, avait été repoussé, comme si l’été battait encore son plein. Alors, le bois livré avait été mis en bûcher, un vrai bucher de petit vieux, un bûcher de curé, monté par le jardinier tueur de roses (1), qui officiait dans la propriété.

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C’était un Autrichien âgé, avec des yeux d’un bleu clair énigmatique. Le brave homme était un «  malgré lui », forcé à l’engagement dans la Wehrmacht, durant les années sombres. Il te parlait du Generalfeldmarshall Friedrich Von Paulus, avec de l’émotion dans la voix, et du siège de Stalingrad, auquel il avait participé, avec une tristesse qui se devinait, à défaut de pouvoir s’exprimer. Le tas de bois, que nous appelions effectivement «  bûcher » avait été installé tout près de la grande table de jardin, la table ronde des «  chevaliers » en culottes courtes, une colonne pour support, un cercle de béton épais, recouvert de mosaïques triangulaires, patiemment assemblées par l’ancien propriétaire, Monsieur Lévy, un homme dont on savait peu de chose, sinon qu’il avait conservé, dans la grange, un généreux foutoir issu des surplus militaires de l’après-guerre, et qui incluait une motocyclette militaire Harley-Davidson, de l’armée Américaine. 

Faute d’alimenter la cheminée avec le dit bois, pour cause de chaleur manifeste, j’avais prélevé une des bûches, pour un usage quelconque. Je me souviens, c’était un matin d’été. Le Marronnier de la cour bruissait d’un vent de fin d’août. Quelque chose avait capté mon regard, un rapide mouvement. Agenouillé, j’avais dégagé quelques bûches, pour découvrir avec émotion une maman hérisson et ses quatre ou cinq petits.


Le brave Prussien de jardinier était chargé de l’entretien courant du jardin, quatre-mille mètres carrés d’une pelouse ingrate, de parterres délimités par des plaques de béton habilement réhaussées de demi-cercles, par l’ancien propriétaire. En dehors du massacre végétal  régulier, que ma mère pardonnait également régulièrement, la tâche principale consistait à passer la tondeuse, une machine qui se démarrait à la main, avec un lanceur mécanique fixé sur le moteur. Si effectivement l’herbe n’osait plus pousser, comme elle le faisait avant, le reste du territoire, un vaste champs sur lequel poussait un noyer généreux, restait, par tradition, en friche. Il ne serait venu à personne, l’idée saugrenue d’une quelconque intervention de faux ou même d’une faucheuse mécanique. Alors, au pied du noyer, j’ai souvent posé ma tête dans l’herbe, les yeux fixés sur les nuages de mai ou de juin, qui se hâtaient vers l’ouest.

 

Le champ en face de la maison se taisait. L’oscillation des maïs et des épis de blé, n’était plus là. Cette disparition modifiait le paysage, années après années. On pouvait de nouveau voir la ligne magique d’un nouvel horizon. On pouvait voir là ou le bleu du ciel de fin d’été, rejoignait le brun de la terre, et le vert des platanes qui bordait la N.34, cette route qui partait vers l’est. Au couchant, le soleil se faisait orange, puis rouge. Là aussi, j’avais guetté le fameux « rayon vert », le même que celui espéré en Bretagne, quand nous dinions dans la grande maison de granit, au-dessus de la plage de  de Pors Ar Villiec, mais là aussi, dans cette plaine de Brie,  le fameux rayon n’avait jamais ébloui mes yeux. 


Alors que l’été, l’église Saint Georges de Guérard, qui tenait debout par miracle, pouvait éventuellement sentir le bon dieu, et parfois le pain béni, dès la fin du mois d’aout, les moisissures des gros piliers de pierre, qui soutenaient la nef, reprenaient de la vigueur, et il suffisait de deux ou trois dimanches, pour que revienne, entre liturgie de la parole, et rites conclusifs, une l’odeur entêtante  de renfermé, similaire à celle du bois pourri ou du sol humide. Le Grand-Morin, un insignifiant cours d’eau tout proche,  qui prenait sa source dans le département de la Marne,  dégringolait, en pente douce, vers Condé-Sainte-Libiaire, en abreuvant cette vallée discrète, et en détériorant les vieilles pierres du monument religieux, dont les fondations souffraient de l’humidité sournoise due à la proximité de la petite rivière.


L’accès à la propriété était défendu par un portail en bois, à claire-voie, un truc sans prétention, plutôt conçu pour éviter les intrusions de sangliers, ou de chiens baladeurs,  plutôt que d’interdire l’accès à un quelconque humain, chemineau de l’ancienne époque, ou chapardeur des années soixante. La serrure avait été remplacée par une simple chaine munie d’un cadenas. La cour, remplie de gravier à béton qui crissaient sous le poids des voitures arrivant, séparait la maison, d’une grange qui servait de terrain de jeu, avec son escalier tournant en bois, auquel nous avions l’interdiction formelle d’accéder, interdiction mille fois, non, dix-mille fois violée.



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Après une période d’intense détestation de cette maison, ou plutôt de cette campagne, j’avais laissé, un peu malgré moi , la nature environnante prendre le dessus, et puis, de copinage en amitié, d’amitié en considération, de considération en amour naissant, la plaine de Brie, s’était vite imposée à moi. Il avait alors fallu que j’admette de partager mon cœur entre les différents endroits , ensemencés de petites graines de souvenir, qui commençaient déjà à pousser, qui s’étaient accrochés à mon âme.

Alors, les herbes folles, les maïs, les blés, même les trompettes de la mort, que nous allions chercher dans la terrorisante forêt de Faremoutiers, avaient finalement trouvé grâce à mes yeux. Je pourrais te parler de l’odeur de l’étable, de celle de la cuve à fuel qui alimentait l’antique chaudière en fin de potentiel, l’odeur de l’ensilage, du crottin de cheval, celle, acidulée de la menthe sauvage, celle encore, si particulière, du compost qui alimentait les plates-bandes, avec promesse de floraisons exceptionnelles. Au-dessus de la «  table des chevaliers », un aimable noisetier, généreux dans sa production, nous gratifiait de petites noisettes dans chacune desquelles un ver blanc avait élu domicile. De temps en temps, un miracle se produisait, une coquille ne portait pas de stigmate…..alors d’un coup mesuré, sec, on brisait délicatement l’enveloppe, pour découvrir une noisette fraîche qui avait le vrai goût d’une noisette pour tablette de chocolat.


Au-delà des courses de l’ordinaire, dans un Crécy-la-Chapelle qui dormait dans ce bout de province, avec son café pour pêcheurs à la ligne, ou chasseurs du dimanche matin avec chien et gibecière, il y avait l’aventure épisodique de courses «  exceptionnelles » à Coulommiers, un autre coin de «  province », avec sa grand place, sur laquelle se tenait régulièrement un marché aux animaux. Chaque dimanche, carillonné ou ordinaire, il y avait foule pour retomber dans le péché de gourmandise. Tandis que  les grenouilles de bénitier, fraîchement sanctifiées, faisaient la queue au «  Délice Briard », les hommes, eux cédaient aux sirènes des Claquesin, Dubonnet, Suze et autres Picons, en se racontant au bar du Café de la Place, des histoires de pêche improbable, de vêlage difficile, de traque de sanglier au , ou de  chasse au faisant ,  des gentils faisants comme ceux que l’on voyait souvent passer en couple, le long de la rue de Chèvre, remontant de Rouilly-le Bas pour fuir les fusils.


C’était souvent l’excuse de la recherche d’une vis particulière, d’un écrou sournois, d’une mèche pour foreuse , ou d’un rouleau de fil électrique, qui déclenchait éventuellement le départ vers cette ville de sous-préfecture, à huit kilomètres de la maison, une dizaine de minutes avec la Quinze Chevaux CITROËN de mon père, cinq minutes de plus avec la Deux Chevaux de ma mère. L’aventure, c’était aussi le passage devant le «  champ d’aviation » de Voisins, ou s’alignaient des avions biplan, de bois et de toile, des planeurs «  CAUDRON » datant d’un autre âge, et un ou deux DC3 du service postal, dont les pilotes s’entrainaient en été, passant au-dessus de la maison après le décollage, à trois cent mètres de hauteur, avec leurs moteurs Wright R-1820, terrorisant le petit garçon, mais en même temps, éveillant en lui un intérêt curieux pour les choses de l’air. (2) Il y avait aussi, sur cette ancienne base de la chasse de nuit Allemande durant la guerre, un avion d’observation de la Luftwaffe, abandonné au moment de la libération. Il servait à tracter les planeurs, et avait été repeint en bleu. (3)

Il n’y avait pas beaucoup de place, dans mon univers, pour autre chose que moi-même. Il ne me serait jamais vraiment venu à l’idée que d’autres, qu’un autre, puisse exister. Cette année-là, Il ne m’était jamais venue l’idée qu’il y aurait vraiment une rentrée scolaire. Si elle se profilait, au détour de certains mots prononcés à la table familiale, au moment du dîner, il était certain que cette «  rentrée » dont on parlait, concernait d’autres enfants. A force de refuser d’entendre des mots, sans les écouter, sans prendre conscience de l’inéluctabilité de l’échéance laïque et républicaine, j’avais réussi à éviter de croire que tout pouvait être vrai.

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Fin août avait sonné la mort de l’été, même si le calendrier des postes ne disait pas  exactement la même chose. N’oublie pas….je te parler d’un temps quand les « grandes vacances » étaient vraiment «  grandes », et qu’au quinze septembre, tu ne te souvenais même plus de ton école «  d’avant », tellement c’était loin dans le passé…


Le soleil, lui, avait un peu plus raccourci sa course. La maman hérisson avait, un matin, disparu, les chasseurs du dimanche passaient à pied, devant la maison, portant sur l’épaule une sanguinolente brochette de fourrures d’un brun clair que signalait le lièvre, ou un imbécile amoncellement ficelé, de longues plumes de couleurs, triste preuve de la fin tragique des faisans du coin, qui n’avaient plus ni blé ni maïs pour se protéger du massacre odieux et du mélange plomb et poudre. A force de fins de semaines, faites d’une rassurante routine, la campagne et moi avions conclu, silencieusement, une sorte d’accord de non-agression. Je ne lui avais pas juré fidélité, elle, en retour, m’avait garanti une protection bienveillante contre les orties, la peur de la nuit, la crainte de l’orage, la terreur irraisonnée que m’inspirait le moindre coup de tonnerre.

Cette année-là, mais était ce peut être un peu plus tard, j’avais conduit un tracteur, un vrai, un Massey-Ferguson de 60 chevaux, j’avais participé aux moissons, j’étais monté à cheval, je m’étais ouvert l’arcade sourcilière en manipulant une clôture à bétail, et magiquement, mes pantalons court étaient devenus des pantalons longs. Alors j’avais commencé à aimer ces bouts de terrains, la marronnier de la cour, la route qui menait au Charnoy, puis à Montbrieux, où habitait mon copain Xavier (4). Il était advenu une sorte de complicité entre les champs et moi, entre les nuages du ciel, et ceux qui se déplaçaient dans ma tête, en m’invitant à chaque fois, à rêver un peu plus loin, un peu plus longtemps.


La lumière, surtout, avait pris une place importante dans mon quotidien, même si je n’avais pas la connaissance des mots qui auraient pu servir à décrire un coucher de soleil vers Paris, ou bien le ressenti des premiers feux de l’aube. Sans même le savoir, mais surtout sans même comprendre ensuite le pourquoi, j’avais réalisé que la lumière, l’ocre des blés ou des maïs, le vert des betteraves, ou celui, plus tendre de la pelouse devant la maison, avaient sur mon humeur des effets spécifiques suivant l’heure de la journée. Au même moment, je crois, et toujours sans savoir pourquoi, j’avais commencé à aimer intensément ces peintres impressionnistes qui, d’un coup de pinceau, d’un trait de couleur, te faisait vivre un déjeuner sur l’herbe, un petit bal en bord de Marne, ou même une scène de Paris sous la pluie. Alors, j’avais commencé à bénir les ciels changeants, le gris ourlé de blanc des nuages d’automne, les cirrostratus d’été qui cachaient quelques secondes le soleil, en fausse menace.  Mon père et ma mère étaient des «  fumeurs sociaux ». Ils réservaient leurs appétence de tabac, aux  quelques minutes d’après le déjeuner, prélevaient, dans des boites  métalliques au graphisme un peu suranné, des cigarettes de tabac blond. Le rituel devait durer depuis bien longtemps. Nous savions où les réserves de petits cylindres blanc étaient cachées….Inutile de te dire combien de fois l’aimable marronnier de la cour, couvert de feuilles qui garantissaient, nous le pensions, une certaine invisibilité, nous avait accueilli, genoux éraflés, dans ses plus hautes branches. Il suffisait d’une boite d’allumettes, «  empruntée » à la cuisine, pour que bientôt s’élève dans le ciel de Brie, deux petites volutes de fumée blanche légère, montent jusqu’au faîte de l’arbre et se disperse au courant d’air. C’était certain, ma sœur et moi, étions devenus des adultes…


J’étais une limace intellectuelle…


Alors que mon frère possédait déjà une profonde culture latiniste, une maîtrise de la mythologie, Grecque, savait qui était Mercure, Aphrodite ou bien même Hadès, je ne m’étais même pas interrogé sur la problématique philosophique du bien et du mal. Mal dégrossi, pour avoir sans doute hérité de gènes anarchistes de mon père, je n’avais aucune notion de ce que pouvait être la souffrance. Il n’y avait pas de mystère de la vie. Le vrai mystère était celui de voir se transformer de la crème  liquide en un bloc de beurre magnifique, fraîchement sorti d’une baratte, et  qui ressemblait au beurre qu’on pouvait trouver chez le crémier de l’avenue du Général Leclerc, au grand marché d’Alesia. (5)



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Sans foi, ni loi, j’avais sollicité une sorte de job d’été, à quelques centaines de mètres de la « Ronce », huit ou neuf minutes à pied, pour me rendre depuis le portail qui donnait sur la rue de Chèvre, jusqu’à l’abattoir de Monsieur B , le salaisonnier qui avait sa petite entreprise au Charnoy, un hameau d’une cinquantaine d’âmes. Ne me demande pas ce que j’y faisais. Je ne saurais te répondre, tant mon esprit à passé au pinceau noir ces tragiques journées d’abattage, de découpage, de sang, de cris. A intervalles programmés, des dizaines de porcs, probablement issus de l’élevage de Monsieur N, celui du domaine de Rouilly-le-Bas, étaient introduits dans le bâtiment, pour y suivre un parcours tragique qui commençait par un coup de merlin, sur la tête des animaux, un préalable indispensable à un découpage en règle, avant la transformation des animaux en jambons, saucissons, boudin noir et autres rillettes. D’un seul coup, j’étais dans l’abîme…. Si j’avais su ce qu’était la culpabilité, j’aurais au moins pu mettre en mot sur cette tristesse qui m’avait envahi, ces cauchemars récurrents qui me rongeaient. Je ne savais même pas s’il y avait un dieu des cochons, auprès duquel j’aurais pu me repentir d’avoir prêté mon concours à ces tueries, ne serait-ce qu’en me trouvant sur place au moment des massacres. Les images terribles avaient mi du temps à s’espacer dans ma tête, et mon ancrage émotionnel dans la glaise riche des champs en repos, m’avait permis de retrouver mon équilibre. Ce curieux épisode m’avait toutefois laissé avec un vague à l’âme persistant qui avait sans doute pour cause mon inconséquence chronique, et au cours des années, il est vrai, j’avais été envahi, plusieurs fois, par un sentiment de honte, et des regrets, à posteriori, qui restaient difficile à porter.


Dans la bibliothèque de mon père, j’avais découvert un livre sur le pilotage, pas un bouquin sur papier glacé, avec des schémas à la machine, des explications alambiquées, un bouquin imprimé sur le genre de papier de mauvaise qualité que l’on pouvait trouver au sortir de la guerre. Les pages jaunies par le temps, sentaient la moisissure. On pouvait y trouver des explications sur les instruments de bord, les commandes, qui servaient à diriger l’avion.  On pouvait y lire également des lois de physique, d’aérodynamique, applicable au vol à moteur. Les avions qui figuraient dans ce volume, ressemblaient à ceux du champ d’aviation de Voisins, et sur la couverture du livre était dessinée une manche à air, une sorte de cône en tissus, alternativement rouge et blanc, attaché à un petit mat métallique, et qui permettait visuellement de voir la direction et la force du vent.  


Alors, fasciné par ce que je découvrais entre les pages poussiéreuses du vieil ouvrage,  j’avais presque senti   les ailes de Jean Mermoz me caresser le visage. je m’imaginais l’Aéropostale à moi tout seul, j’étais Marcel Bouilloux-Lafont, j’étais Manfred Von RIchthoffen, (6) Baron du Saint-Empire et as de la  Luftstreitkräfte, je commandais l’escadrille Lafayette à moi tout seul…….(7) Je décollais du petit champ d’aviation de Coulommiers-Voisins, sur la piste 27, le jour de mon premier vol en solo, alors que dans le ciel, à l’horizon de Paris, le soleil d’été lançait ses derniers rayons.

 

MIRAMAS

18/10/2025

© Sylvain Ubersfeld pour Histoires d’U

 

 

 

 

 

(1)    Monsieur S. n’avait aucune notion de jardinage. Incapable de faire la différence entre un bourgeon de rose, et une  adventice, il  détruisait, dès le lundi matin, les efforts de ma mère pour fleurir les parterres du côté sud de la propriété.


(2)    Le 30 juillet 1962, un DC 3 du service postal , immatriculé F-BAOE, s’écrasera au décollage après avoir heurté d’une aile, un camion qui circulait sur la route attenante au bout de piste. Sur les huit membres de l’équipage, cinq trouveront la mort. En 1970, sur ce même terrain d’aviation de Coulommiers Voisins, je prendrai mes premiers cours de pilotage avant d’obtenir mon brevet de pilote privé.


(3)    Le Fieseler Fi 156 est un avion militaire de reconnaissance allemand de la Seconde Guerre mondiale, fabriqué par la Firme Fieseler et conçu en 1935. Il est surnommé Storch (cigogne en allemand) à cause de son train d'atterrissage haut sur pattes. Équivalent du Piper L-4 Grasshopper ou du Stinson L-5 Sentinel américains, il excella dans ses missions d'observation, de transport de personnalités ou de matériel, d'évacuation sanitaire. De 1935 à 1945, la Luftwaffe a utilisé environ 2 900 Fieseler Fi 156, sur tous les fronts et pendant toute la durée de la guerre.


(4)    Xavier PROU, graphiste plus connu sous le nom de Blek le Rat, petit-fils de René PROU, un décorateur emblématique des années 30.


(5)    Le «  Grand Marché » d’Alesia, était en fait un ensemble de quatre ou cinq magasins ou boutiques, mais quand on est «  petit », tout est «  grand », et c’était le terme consacré.


(6)    En avril 1927, Marcel Bouilloux-Lafont rachète à Pierre-Georges Latécoère la ligne postale Toulouse-Saint-Louis du Sénégal et lui donne le nom de « Compagnie Générale Aéropostale », qui sera plus connue sous le nom d'Aéropostale. 

 

Manfred Albrecht, Freiherr von Richthofen, né le 2 mai 1892 à Breslau et mort le 21 avril 1918 à Vaux-sur-Somme, est un aviateur allemand devenu une légende de l'aviation de la Première Guerre mondiale. À l'époque, il était connu en France sous les surnoms de « Baron rouge » ou de « Diable rouge », mais depuis, le surnom donné par les aviateurs britanniques (« the Red Baron » soit « le Baron rouge ») a fini par s'imposer au point de remplacer en popularité son nom authentique.

 

(7)    L'escadrille La Fayette est une unité de volontaires américains constituée en 1916 sous commandement français afin de venir en aide à la France lors de la Première Guerre mondiale. Elle fut nommée en mémoire du marquis de La Fayette, héros français de la guerre d'indépendance des États-Unis. Ces volontaires américains, étrangers donc, étaient immatriculés à la Légion étrangère. Les couleurs de la Légion, le vert et le rouge, apparaissent dans l'insigne de l'escadrille.

 
 
 

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