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TIGRES VOLANTS

Entre le "Petit Casino" qui vendait des croissants et l'appartement de Palawan way, il devait y avoir un peu plus de trois kilomètres à parcourir dans l'anticipation d'un café parfumé et d'une viennoiserie qui rappelait Paris. Après avoir accompli les milliers de miles hebdomadaire, et obligatoires, puisque c'était le métier qui voulait cela, Steve n'avait qu'une seule envie: se replonger dans le monde amical de la petite planète de Marina Del Rey. Il n'y avait pourtant aucune raison pour que ce casanier qui se voyait déjà mourir en terre Parisienne, attrape la bougeotte et pousse son destin jusqu'à passer régulièrement quelques heures à une vingtaine de mètres à peine de l'eau du Pacifique, en écoutant claquer les drisses sur les mats dès que se levait la moindre brise de mer. Il ne le savait pas encore, mais ces heures allaient marquer le reste de sa vie et lui fabriquer des souvenirs qui s'incrusteraient dans sa chair comme des marques aux fer rougi.

Une dizaine de kilomètres séparaient World Way West de Palawan Way et dans le taxi, Steve avait le temps de laisser son esprit redescendre sur terre, alors qu'il revenait de Bogota, Varsovie ou Pékin. A chaque fois qu'il passait par le petit royaume tout près de Venice Beach, Steve se souvenait du contact des pieds nus sur la moquette épaisse de l'appartement.Comme toujours, depuis qu'il avait rejoint l'inhabituel monde du transport aérien, cette rencontre avait été inattendue.Pour la première fois de sa vie, il avait pu voir de près un oiseau-mouche et s'était émerveillé de voir comment cette petite créature, attirée par une boisson colorée de rouge, était venue s'abreuver tout près de la fenêtre qui donnait sur les bateaux sagement rangés.


Steve avait été séduit par les ratons-laveurs du Connecticut, effrayé par les armadillos du Texas; Il était maintenant attiré par cette Californie dont il avait entendu parler mais ne connaissait que depuis peu. Il y avait aussi Léna avec qui il se sentait une affinité particulière, enviant probablement sa vie entre les palmiers, le pacifique et ses amis qui étaient tous de bon aloi.Steve ne savait pas encore combien il aimait les bateaux.Il savait déjà par contre combien il aimait les femmes et combien il aimait cette nouvelle liberté qui s'était offerte à lui depuis qu'il avait rejoint les "Tigres Volants". Chaque départ de Marina del Rey était redouté : Steve savait qu'à chaque fois qu'il repartait vers l'aéroport, il laissait derrière lui un petit bout de coeur. Alors il se demandait combien de temps tout cela pourrait durer...

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