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MARCELLINE

ll n'y avait aucun doute qu'elle tenait de sa Britannique de mère un petit côté plutôt raisonnable. Je pense que c'est à son Brésilien de père qu'elle devait d'être incorrigible, aventurière, incroyablement provocatrice, immature, casse-cou, et pour tout dire, garçon manqué. Puisque l'argent coulait à flot dans sa famille, rien ne l'avait empêché de gravir les montagnes du Shikar Beh, au nord de l'Inde ou de monter au sommet de la pyramide de Khéops lors d'un séjour mouvementé en Egypte, invitée par le Roi Fouad; les relations des parents, cela a parfois du bon . Si son père lui avait appris à conduire un "moped", personne ne pouvait lui apprendre l'orientation. Elle aurait fait un mauvais pigeon voyageur et certainement un déplorable guide touristique.


J'avais rencontré son père, un aventurier qui avait plusieurs affaires au Brésil.Sa fille était encore jeune.C'était au café de la Paix, à coté de l'Opéra...Nous avions discuté d'investissement possibles au Brésil, ce pays de l'ordre et de progrès....Alberto Santos-Dumont, que nous rencontrions parfois avait dit à son père :" vous verrez, maintenant qu'elle sait piloter un dirigeable, elle va vous demander une motocyclette".. Airton, le père de Marcelline avait répondu qu'il n'en était pas question. "Elle ira à pied! je ne tiens pas à ce qu'elle se fasse renversé par une voiture, avec tout ce trafic parisien". Trois semaines plus tard, Marcelline avait son "moped" , fraîchement arrivé d'Angleterre,emballé dans une grande caisse en bois de pin.

Marcelline s'était taillé un joli petit succès place de l'Opéra en testant sa machine sur les marches devant le Palais Garnier...En dépit des recommandations de Rose Beaufort, sa mère, elle s'habillait plutôt "léger" pour se balader sur son engin motorisé et, ne connaissant pas Paris puisqu'elle avait été habituée aux chauffeurs,valets,et autres serviteurs, elle comptait bien souvent sur la gentillesse d'autrui pour se faire préciser les directions, d'autant plus que, affublée d'une myopie héréditaire,et refusant de porter des lunettes, elle était incapable de déchiffrer les plaques de rues Parisiennes. Heureusement, depuis peu, une vague de chauffeurs de taxi Parisiens, apprenant à se repérer dans la capitale, avaient toujours à porter de la main le guide des rues de Paris à l'usage des chauffeurs de maîtres. Ce jour là, Marcelline avait abordé un de ces hommes, au volant d'une Renault KZ 11 de la G7, au bout de la rue de Provence. C'était un Russe qui parlait à peine le Français. " Je suis Gennady" avait dit l'homme....ce à quoi Marcelline avait répondu " Et moi, e suis perdue"....."

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