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ON AURAIT DU

"Vous ne seriez pas Isabelle des Roches-Noblecourt ?" Axel du Noyer de Segonzac avait gentiment tapé sur l'épaule de la jeune femme. Vingt-ans ...il s'était écoulé vingt ans depuis qu'il s'étaient séparés à la fin de la dernière année scolaire au pensionnat Suisse de Brillantmont sur le lac Léman. Ils venaient de se retrouver au mariage d'un ami commun. Axel arrivait tout juste de New York, Isabelle, de Buenos-Aires. Les années avaient fait leur travail de sape mais les souvenirs étaient encore bien présents: le tour du lac Léman à bicyclette, le soir où Axel avait fait faire le mur à Isabelle pour aller manger de la friture dans un petit restaurant du côté du parc de Mont-Repos à Lausanne...


L'hôtel particulier était à Saint-Cloud, les années étaient folles, les garçonnes étaient parfois des garçons, le charleston était une façon de vivre et le paquebot Normandie n'était encore qu'une grande carcasse de métal sur le chantier de Penhoët à Saint-Nazaire. "Pourquoi es tu parti sans rien dire?" dit Isabelle,avec un regard triste...."Pourquoi ne m'as tu pas dit que j'étais important ?" répondit Axel, en avalant sa salive. Sans ce mariage et les circonstances incroyables de leurs retrouvailles, Isabelle aurait passé sa journée au golf à côté de Canuelas et Axel aurait été faire du bateau à Candlewood Lake, tout près de New Milford dans le Connecticut.

Il étaient toujours riches, ou plutôt leurs parents l'étaient.Ils vivaient dans l'absence de l'autre. Etait-ce une trahison? Un oubli? Etait-ce fait exprés ? "Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous" dit Isabelle... Ils étaient assis sur les marches de marbre, leurs pieds douloureux d'avoir dansé au rythme de l'orchestre. Le froid des marches passait au travers de la robe noire d'Isabelle, les chaussettes fines d'Axel rajoutaient à la distinction. Ce dont ils avaient besoin à cet instant aurait été de se couvrir et de pouvoir s'échapper de la fête pour pouvoir se délivrer des mots que chacun tenait bloqués au fond de la gorge. Axel pris Isabelle par la main pour l'entraîner vers la porte en verre qui donnait vers le jardin." On aurait du réfléchir à tout ça plus sérieusement" dit-il en regardant Isabelle...".Il n'est pas trop tard" dit-elle en esquissant ce qui ressemblait à un sourire....

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