Serge DEVALLOIS en avait eu assez du petit bureau mansardé du 36 quai des orfèvres. Il en avait surtout eu marre de se faire chier à filer les pickpockets dans les trams et les autobus de la STCRP, ou les rames de métro de la CMP. Depuis qu'il était rentré dans la maison, il voulait faire quelque chose de différent. Serge ne s'était pas encombré d'une femme a qui il aurait du refuser de raconter sa vie.Il n'avait pas non plus de parents dont il fallait s'occuper. Il n'avait aucun vices connus de ses supérieurs et s'était attaché à dissimuler certains penchants pour l'alcool et le jeux. Il était profondément républicain,attaché à la valeur d'une parole. "La brigade des moeurs,ça existe ? ou est-ce une invention de journalistes ?" avait-il demandé à Paul Donniet, un commissaire qui bossait chez les "boeuf-carottes" de l'Inspection Générale des Services...
Ce n'était pas de l'invention journalistique..! Donniet avait aidé Serge à changer de service, et depuis sept mois, Devallois courait après les macs, descendait régulièrement dans les boîtes louches de la place Blanche, contrôlait la régularité des papiers de ces "dames" qui étaient belles de jour comme de nuit. Il s'intéressait également à "ces messieurs-dames" qui se rassemblaient dans des arrières salles pour y échanger des considérations diverses mais aussi des caresses qui auraient fait rougir les libertins les plus tolérants et les bourgeois les plus délurés. Par obligation, Serge rencontrait des petites frappes, des grands voyous, des trafiquants de haut-vol,des hétaïres qu'il n'aurait jamais pu s'offrir et avec lesquelles il était prêt à mettre en place des arrangements qui ferait du bien à tout le monde en général et à chacun en particulier.
Devallois était le type même du bon flic qui aurait pu faire une excellent voyou.Il savait que la limite entre les deux mondes était très fine. Sur les vingt-sept poulets que comptait" la mondaine" Serge était le seul à rarement porter de veston. Dès qu'il rentrait au trente-six, il jetait le sien sur un dossier de siège, roulait ses manches jusqu'au niveau des coudes, dégageant ainsi l'impression qu'il était prêt à se confronter aux mafieux,aux demis-portions, aux harengs, et aux nuisibles qu'il avait attrapé dans ses filets lors d'une rafle du côté de la rue Fontaine ou de la rue de Douai. Si Devallois n'avait que peu de vices, ou si il avait réussi à en dissimuler certains, il avait par contre une grande passion: les femmes....Pour les yeux doux d'une brune, il aurait renié la république, fait un pied de nez aux "boeuf-carottes", insulté son directeur et même craché sur le portrait du lieutenant de police Nicolas de la Reynie, accroché dans le couloir qui menait au bureau de la "Brigade des Moeurs"...