D'Artagnan avait pris la précaution de prévenir Duthouard, le mécanicien du convoi
" Tu regarderas ta montre, tu ralentiras, tiens toi prêt à sauter quand tu verras le drapeau blanc sur le pont" D'Artagnan, c'était le type des FTP,celui qui dirigeait le petit groupe. Ils étaient sept.
Duthouard était emmerdé, il savait que sa fille Jeannette faisait aussi partie de la résistance "Fer" du dépôt d'Argentan. " Et le le boche, j'en fais quoi? " Depuis quelque temps, des mécaniciens de la Deutsche Reichsbahn accompagnait les mécanos Français sur les convois à risques, pour s'assurer que les vitesses de traction étaient respectées et que personne ne songeait à ralentir l'effort de guerre.
"Le boche? T'en occupe pas, nous on s'en occupera si on le voit descendre. Toi et ton chauffeur, courrez en avant du convoi, on sera à droite avec les camarades..."
Duthouard aimait bien Heinz Kummel, le mécanicien Allemand, passionné de vapeur qui avait fait ses classes sur une Kriegslokomotiv Class 52 .
Heinz partageait souvent ses saucisses avec l'équipe Française. Il aimait montrer qu'il connaissait quelques mots de Français et n'hésitait pas à laisser les Français à leur affaire, se mettant en arrière pour fumer sa pipe et regarder le paysage qui défilait.
Et si la guerre était perdue? Alors il partageait nourriture, café, et même pousse-café, une liqueur d'herbe dans une bouteille avec le dessin d'un cerf avec une croix entre les bois. Duthouard avait partagé l'information avec Jean Crépin, son chauffeur, qui n'en menait pas large.
"On va sauter en marche?" avait dit Jean, les lèvres tremblantes. "T'inquiètes pas" avait répondu Duthouard " on sera à trente à l'heure. Dès que tu vois le drapeau, tu sautes"
Ils avaient vu le drapeau, Heinz fumait sa pipe en pensant probablement à Hambourg, le bruit de l'explosion avait couvert le bruit de la loco. Ils avaient sauté. une partie du convoi était monté sur les premiers wagons. "Nom de dieu" disait le mécanicien Français.."ils vont en avoir pour des heures pour réparer la voie et enlever les débris"... "C'est exactement ce qu'il faut" dit "d'Artagnan" ...."Et Heinz vous l'avez eu? Vous en faites quoi ?" " On est pas des assassins", lâcha d'"Artagnan" on lui a dit de se barrer, après, chacun sa croix, non ?