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LES GARDES

Ce n'était pas encore la guerre, ce n'était déjà plus la paix.Il ne s'appelait pas Israel, elle ne se nommait pas Sarah.Les Nazis avaient perdu. Ils n'étaient pas amants. Auraient-ils voulu l'être? Avaient-ils peur de leurs propres sentiments? Quelle sorte d'évènements avaient pu prendre place pour que ces deux là se retrouvent dans l'incroyable proximité qui était la leur,dans la guérite en bois à l'entrée de ce kibboutz sur les bords de la mer morte ? La main de l'homme envoyait des informations vitales au rythme du code Morse appris dans la Royal Navy Britannique. Ses oreilles déchiffraient les instructions qui arrivaient en retour portées par l'air de mai. Du quartier juif de Londres ou de la communauté israëlite de Göteborg,les deux étaient venus là pour les mêmes raisons.


Aucun d'eux n'avait vu de buisson ardent et je ne suis pas convaincu qu'ils savaient même faire la différence entre un "Aleph" et un"Beit". Je ne suis pas non plus convaincu qu'ils savaient ce qu'était le "maror", ou même qu'il y avait six-cent-treize mitsvoth, mais finalement cela n'avait aucune importance parce que leurs jeunes vies était simplement mises en suspens.Ils ne savaient pas si il y aurait un autre soir,ou même un autre matin.Il n'y avait pas de temps pour penser,pas de temps même pour se souvenir du départ d'Europe ou de l'arrivée à Haïfa.Il n'y avait même pas de temps pour plonger dans une discussion politique et argumenter sur ce qui était légitime ou ne l'était pas.

Son nom n'était pas Israël, elle ne se nommait pas Sarah.

Dans un holster à la ceinture de Josuah,il y avait un pistolet VZ.27 acheté en Tchécoslovaquie. Irène, elle, détestait les armes à feu.Sa famille possédait une fabrique de meubles en Suède, et elle avait étudié la comptabilité dans l'intention de reprendre l'entreprise familiale le moment venu. Entre eux deux, ils devaient connaitre au maximum deux cent mots d'hébreu mais se parlaient en Anglais. Tous deux savaient qu'ils vivaient un moment exceptionnel, probablement le plus excitant de leur jeune vie. Il faisait chaud, trop chaud. La famille d'Iréna avait décidé de rester en Suède.

" Pourquoi voudrais-tu que nous partions pour un pays sans arbres,sans boulettes de viande et sans confiture d'airelle ?" avait dit Wilma Feinberg, à sa fille, quand était venu le moment de prendre finalement une décision...

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