Dans la petite ville d'Ars en Formans, au 15 de la rue du Carmel, chez les religieuses de la communauté du Saint Curé d'Ars, c'était la révolution.Non seulement soeur Marie-Josèphe avait loupé le petit déjeuner,mais en fait personne ne savait où elle se trouvait. C'était au début du printemps, et la messe du matin avait déjà pris place. D'habitude, dans la petite communauté, il n'y avait pas grand chose à se dire,même et surtout à l'heure des repas,mais là, c'était une autre histoire "On l'a peut être enlevée" avait hasardé soeur Marie-Angélique, "elle est peut être morte" avait dit soeur Hildegarde. Mère Marie-Madeleine, la supérieure,ne disait rien.Elle était bouleversée de voir se dérouler de tels évènements. C'était la première fois qu'elle devait gérer une telle crise depuis son entrée au Carmel il y avait sept ans.
Mère Marie-Madeleine restait silencieuse: elle craignait le pire et ne réalisait pas encore ce qui s'était passé. Derrière un buisson de roses, alors qu'elle faisait le tour du jardin-potager, elle avait trouvé,plié bien comme il fallait, un tablier, un scapulaire, une ceinture,des sous-vêtements,et une tunique de serge. Pas très loin, sur la branche d'un cerisier, un rosaire se balançait doucement au vent du matin. Au réfectoire, les bonnes-soeurs ne pouvaient simplement pas s'arrêter de parler: c'était trop. "Silence mes filles, on ne s'entend plus penser" dit Mère Marie-Madeleine."personne ne sait ce qui s'est passé,alors pas de conclusions hâtives, pas d'hypothèses diaboliques". La supérieure avait finalement compris, mais ne pouvait rien dire sous peine de voir imploser sa petite communauté.
Dans un "Formule 1" pas loin de Besançon, soeur Marie Josèphe fumait son premier joint. Elle n'avait aucune idée de la manière dont elle rejoindrait Nice. Elle avait entendu parler du "stop", elle savait que des trains pouvaient l'emmener vers le sud, elle avait lu un article sur les cars routiers d'une grande compagnie.Elle savait qu'elle ne prendrait pas l'avion. Sa décision avait été mûrement réfléchie.Elle venait de réaliser qu'elle avait haï chaque minute de sa vie pendant les onze dernière années. C'était "maintenant ou jamais", et Dieu seul savait si elle détestait ce mot "jamais". Dans trois jours, Soeur Marie Josèphe commencerait son job de serveuse au Wayne's Bar de Nice, rue de la préfecture. à trois minutes du marché aux fleurs. Soudain, quelqu'un frappa à la porte de sa chambre. Soeur Marie Josèphe sourit : sa vie venait juste de commencer...