top of page

JEBB

Depuis le lycée Janson de Sailly, on le connaissant sous le nom de Jebb, en fait, un surnom qui faisait vaguement Américain.On ne savait, il est vrai, pas beaucoup de choses sur lui, sinon qu'il aimait Hemingway et que sa vie avait commencé à changer le jour où il avait terminé de lire le Baudelairien "Fleurs du Mal". Il avait ensuite exploré Paul Verlaine et ses amies, ses amants, ses filles, puis le subversif Arthur Rimbaud. On savait également qu'il habitait dans un atelier d'artiste à la Porte d'Orléans et qu'il descendant à pied à Montparnasse, parfois même jusqu'à Saint-Germain-des-Près. Un vieil accident de la vie le faisait souffrir du dos, et il s'asseyait d'une drôle de façon, le cul posé sur le bord des fesses, les fesses en équilibre sur les chaises cannelées de la Coupole, du Dôme ou du Flore...


Il avait un jour trouvé de nouveaux mots et avait simplement décidé de passer quelque temps avec eux.Les mots étaient d'accord,et l'accompagnaient régulièrement, toujours à pieds, le long de l'ancienne avenue d'Orléans, sur le côté ensoleillé du boulevard Raspail, et au delà. Si Jebb aimait l'autobus, il préférait la longue descente en direction de la Seine, au rythme de ses pensées. Il ne voulait pas se l'avouer mais souffrait de claustrophobie et ne supportait pas d'enfermement, même temporaire, même dans la sécurité du "68" qui effectuait la liaison entre Bagneux et la Place de Clichy.

Jebb était certainement un homme de bien, propre sur lui, vivant d'on ne savait quelle malhonnêteté.Il avait développé pour la liberté une passion tout à fait déraisonnable puisqu'en plus de son domicile Parisien, il possédait, personne ne savait ni comment, ni pourquoi, un petite maison dans les environs de Séville, une autre au centre de Lisbonne, dans le quartier de l'Alfama. Les pisseux de Saint-Germain-des-Près s'imaginaient qu'il devait avoir fait un incroyable héritage.Tous voulaient s'asseoir à sa table, mais Jebb, fidèle en amitié, ne gardait auprès de lui que ceux dont la conversation lui procurait suffisamment de plaisir pour continuer à vivre.

bottom of page