Martine Lampaert habitait au 213 boulevard Saint Germain, dans ce "septième" bien pensant où il était de bon ton de se vêtir en dessous du genou. Elle avait épousé Gilles du Plessis de la Molle, un chirurgien-plasticien qui avait une clinique de luxe derrière la rue François 1er, et une palanquée de maîtresses refaites des orteils jusqu'au scalp. Martine s'était trouvé un bel amant, Christophe, vaguement associé à la famille Ruhl, un temps propriétaire d'un hôtel de grand luxe de Nice dans lequel Martine avait toujours une chambre disponible pour les rencontres avec son amant de quatorze ans son cadet.
Martine Lampaert avait su tracer la ligne entre les affaires de couple et ses affaires privées. C'était à la fois une femme de tête et une femme gourmande qui donnait à son amant, tout ce que son mari n'avait pas su lui demander. La première fois, cela s'était passé simplement dans la campagne, du côté du col d'Aspremont. Les autres fois, c'était à Nice, mais aussi à Cannes, à Mougins, dans les hôtels de luxe de Beaulieu sur Mer. Martine aimait le luxe, son amant avait de quoi satisfaire sa soif de champagne, Le père de Christophe n'approuvait pas cette relation mais fermait toutefois les yeux en lui disant souvent " elle est si belle.....je t'envie".
Martine Lampaert avait ses habitudes dans le "Mistral", ce train de luxe aseptisé et élitiste qui dégringolait de Paris à Nice quotidiennement avec son chargement de grandes fortunes en mal de soleil, d'homme d'affaires, de joueurs invétérés, et de voyous aussi, parfois, cachés derrière une paire de lunettes solaire Gouverneur-Audigier. Elle portait un tailleur clair quand elle voyageait, et ne dédaignait pas de remonter sa jupe plus haut que la décence ferroviaire ne le permettait, quand, en face d'elle s'asseyait un soyeux de retour vers Lyon, un playboy en route vers Cannes, un caïd Corse qui passerait par Nice avant de rejoindre l'Île de Beauté.