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LE BAR DES TROIS CANARDS


Il y avait Paulo les yeux bleus, qui faisait tapiner des gonzesses dans une taule de la rue du Caire, pas loin du Sebasto, et Pierrot " l'anglais" qui faisait dans l'escroquerie à l'assurance. Pépé le Stéphanois, lui, fourguait de la coco dans les bars de la rue de Ponthieu. De tous les malfrats, c'était lui qui était le mieux sapé. Il faisait faire ses costards par un tailleur du boulevard des Batignolles, tout près de la rue Puteaux. La grande Irène,celle qui était maquée avec Fredo le Dentiste disait à qui voulait l'entendre qu'elle irait bientôt refaire sa vie au Canada. Ils se retrouvaient tous au Trois Canards, un troquet mal famé, pour raconter des mensonges, oublier leur vie merdique au fond des verres de mojito, frimer devant des demi-portions venu de la banlieue et mettre au point de sombres braquages . Le grand Jo, un ancien hareng reconverti dans les paris truqués venait de passer l'arme à gauche. Une place était à prendre....Encore fallait-il savoir à qui la donner...


Francis Attia s'était demandé si en fait il ne fallait pas tout simplement faire venir quelqu'un de l'extérieur, un type qui n'ait pas encore trempé dans les combines louches, quelqu'un de " vierge" en quelque sorte, même si la virginité était devenue quelque chose de très rare autant chez les gonzesses que chez les hommes d'affaires du genre que fréquentait Francis. La coco, ça allait pour le moment. Avec les labos du côté de Marseille qui produisaient à plein régime, il ne risquait pas de manquer ni de clients, ni de produit. Les jeux ? Francis contrôlait en plus sept rades entre le Sebasto et la rue de la Charbonnière. Pour les boîtes à rideaux, le personnel était nombreux. Suffisant pour faire tourner les treize taules dans lesquelles Francis avait des intérêts. En plus, il y avait celles qu'il gérait pour des copains qui passaient un peu de temps à Fresnes, Clermont ou aux Baumettes. Il avait promis de bien s'occuper du business en échange d'un vingt-cinq-pour-cent des rentrées et des ventes.....oui mais voilà , depuis quelque temps, il se passait quelque chose de pas très catholique : la came rentrait mais les revenus baissaient.


Cela voulait dire que soit quelqu'un piquait dans la marchandise...ou dans la caisse. " Je peux pas être partout tu comprends" avait dit Francis Atia à Paul le Bombé, de son vrai nom Paolo Scorsese lors d'un parloir à La Santé. "Va creuser un peu dans la clientèle des Trois Canards" avait alors suggéré Paul. " Je suis sûr qu'il y a une crevure qui nous tire du blé". Francis était reparti avec des aigreurs d'estomac. Il fallait s'occuper du truc rapidement avant que ça ne dégénère. Il avait bien sa petite idée..Ce soir, il irait faire un tour au " Panier Fleuri", un rade bien placé, avec une arrière salle, du côté de la rue de Douai..

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