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LA RELIGIEUSE

« Et si je me tapais une religieuse ? »

Ça y est…la plaisanterie graveleuse est sortie. En fait, cela fait partie d’un plan beaucoup plus étendu : celui de prendre le thé, mais attention, pas un thé idiot en sachet, sans goût, sorti d’un vague boite en carton sans aucun intérêt graphique. Je te parle d’un vrai thé, de chine, fumé ? à la bergamote ? les deux peut-être, un thé qui sort d’une boite en métal avec des caractères chinois ou japonais, un thé qui va t’ancrer dans ton fauteuil pour que tu ne puisses plus en sortir, un thé qui va marquer la fin de ta journée, la fin de ta quête, alors que tu avais encore plein de choses à faire, ou du moins c’est ce que tu pensais…


La religieuse, tu savais déjà que tu allais te la taper, puisqu'elle attendait sagement au frigo les deux ou trois coups de dents qui vont abréger sa vie pâtissière : un coup de dent pour la tête, deux coups pour le corps, pour son gros corps rempli de crème pâtissière parfumée au café ou au chocolat.


La religieuse, c’est en fait l’excuse, le vrai plaisir caché c’est l’association de ce thé qui marque la fin de la journée avec la consommation de ce gâteau, le tout associé à la possibilité d’un trait d’humour.

Tu as donc monté un véritable complot : acheté la pâtisserie crémeuse dans un but spécifique, celui de la consommer dans le cadre d’une opération précise : prendre le thé.


Le plaisir n’eu pas été le même si au lieu de cette religieuse, un importun, ou un opportuniste, t’avait apporté un Paris-Brest, un Mille-Feuille ou un Gland…puisque dire « si je me tapais un Paris-Brest » n’aurait pas déclenché la jubilation exprimée par les grands et petits zygomatiques à la pensée de cette religieuse qui après avoir tenu le coup dans son couvent en vitrine, va passer un mauvais quart d’heure.


Pour que le plaisir de se taper une religieuse soit considéré comme un plaisir majuscule, encore faut-il que certaines conditions soient de préférences réunies : la pluie à l’extérieur, la religieuse qui vient de chez un vrai pâtissier, devant lequel les bourgeois bien pensants et bien pansus font la queue le dimanche matin; il faut aussi le temps de prendre son temps, la possibilité de se plonger au même moment dans la rêverie incongrue, celle qui te renvoi vers des souvenirs que tu es le seul à connaitre. On aura bien sûr aussi la compréhension de l’autre, du compagnon ou de la compagne de théière, a qui tu n’auras pas oublié d’expliquer l’importance de la communion entre ta propre langue et la crème pâtissière de l’aimable nonne, celle qui sera chocolat, même si c’est un peu fort de café...

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