top of page

L'IRREVERENCE

Avec l’âge vient soit la sagesse, soit l’irrévérence. Faute d’avoir su découvrir la première, c’est donc à la seconde que je fais allégeance en pratiquant au quotidien une approche particulière du tout comme du rien.

Le bon copain Larousse donne de l’irrévérence une définition bien courte en indiquant qu’il s’agit d’un manque de respect !

C’est dans ses synonymes que se cachent les véritables atouts de l’irrévérence avec des mots bien sympathiques pour les rebelles à la littérature aseptisée dont je fais heureusement partie. Je n’appartiens pas à la caste privilégiée des ciseleurs de mots, mais plutôt à celle, certainement inférieure, des besogneux de la phrase et du verbe.

Mes complices du jour se nomment désinvolture, impertinence, impolitesse, incorrection, insolence, irrespect, bref, tout ce que peut faire grincer des dents le bourgeois, le curé, ou le " mirlitaire ». Oui je suis désinvolte puisque je manifeste et revendique une liberté excessive et une attitude dégagée, leste et sans embarras ; Oui je suis impertinent puisque je cherche à choquer par la liberté, le caractère déplacé, l'insolence de mes manières, de mes paroles, du caractère de mes actes.


L’impolitesse est ma maîtresse et de par mon caractère et mon attitude qui va à l'encontre des règles du savoir-vivre, je manque intentionnellement aux règles d’une bienséance savamment distillée au cours des années par des pisse-froids, des amputés de l’humour, des gardes-chiourmes de la morale, des rabbins étriqués, des évangélistes obtus, des jésuites obsédés du résultat scolaire.


Certains diront de moi que je ne connais pas la valeur des mots , que je ne sais pas ce qu’est le respect, que j’ignore la signification des mots comme mesure, patience, dignité, discrétion, que je me fous des conventions, des moules sociaux, des profils gagnants. Ils auront raison.


Je leur répondrai qu’ils ignorent sans doute la signification profonde des mots magiques de mon vocabulaire quotidien comme animaux, arbres, souffle, rire, regard, main, caresse, illusion ou mirage.


Glorifier la rébellion de l’esprit, cultiver l’insolence comme on cultive un parterre de fleur, violer les convenances, casser les tabous, arracher les chaînes des préjugés, voilà mon grand plaisir, mon Coran, mon Nouveau Testament, ma Torah. Je ne donne pas de conseils et ne souhaite en recevoir, sauf de la part de mes frères rebelles, ceux qui ont choisi comme moi la voie de l’irrévérence.

Dois-je insulter ? Dois-je maudire ? Dois-je moquer ?


Voici les questions qui se posent pour moi...

Curieuse manie que celle de tout prendre avec dérision. Profond défaut de ne considérer le sacré qu’avec un regard indifférent. Jésus, Confucius, Lao-Tseu ont-ils fui le vice et pratiqué la vertu ?

J’avais promis de faire de même, mais c’est vers le contraire que je m’en suis allé. Joyeuse irrévérence qui me permet de juger avec mépris les politiciens prévaricateurs, les élus corrompus, les religieux insensibles, les pédophiles qui laissent dans les mémoires des souvenirs indélébiles ou bien ceux qui tremblent devant l’hypothèse d’un jugement dernier, ceux qui ferment leurs volets le soir au lieu de laisser à la pleine lune la possibilité de s’introduire dans la maison pour en chasser le mal.

L’irrévérence est ma compagne, le sel de ma vie. Je ne suis pas iconoclaste. La tradition m’est chère, mais la liberté l’est encore plus, cette liberté qui passe par le rejet total des conventions, des emmerdantes conventions qui obligent, soumettent, et classent les hommes en gagnants, perdants, peut être que oui, peut être que non.

Inclassable, voilà ce que je suis, Incorrigible, voilà ce qu’ils disent.

La mort se profile-t-elle à l’horizon que je me demande si je dois la craindre ou l’appeler. Combien de fois faut-il s’endormir en espérant ne pas se réveiller pour qu’un jour tout s’arrête ? Il faut en rire également, ne pas hésiter à dire « ça sent le sapin », penser à cette bonne blague qu’est le départ inopiné vers un autre continent, un autre espace.

L’irrévérence est un combat de chaque jour, une lutte acharnée contre la dictature d’un système.

Aimer vivre est ma devise, rire et fou-rire mon credo, et l’irrévérence mon tout.

© 2015 Sylvain Ubersfeld

(Sacrilège! et en plus, il y a une voyeuse....la voyez-vous?)

bottom of page